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Collection

C’est l’hiver

Mehdi Akhavan Sâlès

lundi 19 mai 2008, par Collectif LP


Mehdi Akhavan Sales (1927-1990) est l’un des plus grands poètes contemporains iraniens. Il a joué un role fondamental dans la propagation de la nouvelle poésie persane en y contribuant d’une mannière incontestable. Trois des ses recueils de poésies sont considérés par tous les critiques littéraires de son pays comme des chef-d’oeuvres de la poésie d’aujourd’hui.

Les Editions L’Inventaire et Lettres Persanes publiront en novembre 2007 une sélection des poèmes d’Akhavan Sales, intitulé C’est l’hiver, qui comprendera une cinquantaine de ses meilleurs poèmes tirés de "L’hiver", " La fin du Shahnameh" et " De cet Avesta".

L’Hiver

A ta salutation,/ ils ne veulent même pas répondre./ Ils ont la tête dans les épaules/ et ne la lèvent même pas pour te regarder./ Ils ne peuvent pas voir plus loin que leurs pieds,/ car le chemin est sombre et glissant./ Tu leur tends une main de tendresse,/ ils te la serrent avec réticence, / car le froid est cinglant.

Le souffle à peine sorti du four de la poitrine/ se mue en nuage obscur/ et dresse un mur devant tes yeux.

Avec un tel souffle,/ que peux-tu attendre/ des amis proches ou lointains ?

ô juste messie !/ ô sacré chrétien en tablier crasseux1 !/ Le temps est très injustement froid./ Sois chaleureux ! Sois joyeux !/ Réponds-moi, ouvre la porte !/

C’est moi,/ ton habitué de la nuit, ton bohème triste./ C’est moi,/ le caillou souffrant frappé de coup de pied./ C’est moi,/ l’insulte minable de la vie, la mélodie sans harmonie.

Je ne suis ni de Byzance ni de Zanzibar,/ je suis libre de toute couleur,/ viens, ouvre la porte, ouvre ! Car je souffre.

Mon confrère, mon hôte !

Ton invité de tous les jours,/ comme une feuille, tremble derrière la porte./ Il ne s’agit pas de la grêle, ni de la mort,/ le bruit que tu entends,/ c’est celui du froid et de mes dents.

Ce soir, je suis venu payer mes dettes,/ te remettre mon dû près des verres./ Pourquoi dis-tu que c’est l’aube,/ ou qu’il fait jour ?/

Détrompe-toi, ce n’est pas le rouge de l’aube./ Mon ami ! Ce qui a frappé l’oreille du froid,/ c’est la gifle glaciale de l’hiver,/ et le luminaire du ciel restreint, mort ou vivant,/ se cache dans l’immense cercueil du noir multiple et morbide.

Confrère ! Va allumer la lampe du vin,/ car le jour est pareil à la nuit.

A ta salutation, ils ne veulent même pas répondre./ Le temps est maussade,/ les portes sont fermées,/ les têtes baissées,/ les mains cachées,/ les souffles ennuagés,/ les cœurs fatigués et tristes,/ les arbres, squelettes de cristal,/ la terre est abattue, le plafond du ciel bas,/ le soleil et la lune sont poussiéreux.

C’est l’hiver.

Biobibliographie

1927 - Il est né à Machhad, la capitale de Khorasan, haut lieu de la Renaissance de la langue et du développement de la poésie classique persane. Plus tard, il se donne la tâche de rapprocher le Khorasan du Mazandéran, lieu de naissance de la nouvelle poésie persane fondée par Nima Yushidj. La poésie d’Akhavan, une synthèse sophistiquée et élaborée de ces deux courants, sera un aller-retour constant entre ces deux écoles...

Lire la suite : Nouvelle poésie persane : Akhavan Sales sur ce site.


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