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Les six projets de publication en cours...

Tâhereh, Simine, Forough, Sohrab, Kadkani, Rûmî

dimanche 6 avril 2014, par Collectif LP


Les six projets de publications en cours aux Editions Lettres Persanes

1. Tâhereh, lève-le voile !

La vie et l’œuvre de Tâhereh Ghorratol ‘Ayne

« Vous pouvez me tuer quand vous voulez, mais vous ne pouvez pas empêcher l’émancipation des femmes. »

Tâhereh

Sur les ailes de l’imagination 1

Je vis toujours dans le pays de Ton amour.

Pourtant je suis privée de Ton secours !

Jette un œil de pitié sur moi- cette étrangère, 2

Toi, ô véritable Roi de ce royaume !

Serais-je une pècheresse, ô mon Idole,

si je chantais les secrets de Ton adoration ?

Ou une meurtrière à chasser de Ton domaine ?

Je suis au bout de ma patience,

jusqu’où dois-je supporter la séparation ?

Le chagrin a fait de toute partie de mon corps

une flûte, Te racontant ses plaintes.3

Nul esprit ne pourra saisir Ta perfection

et nul cœur ne pourra la ressentir.

Qui pourra trouver le chemin vers Toi ?

Pourtant c’est Toi l’ultime destination.

Quand le zéphyr arrivera auprès de Toi,

il Te contera les nouvelles de nos souffrances.

Il Te dira de nos visages pâles, de nos yeux mouillés.

Que craindrais-tu, si Tu nous accordais Tes faveurs ?

Viens à l’aube dans mon lit et donne-moi Ta bénédiction !

Désireuse de Ta proximité, je m’envolerai vers Toi

sur les ailes de l’imagination.

Tu me libéreras de ce lieu,

Tu me porteras vers un non-lieu !

Notes :

1. Ce poème qui traite le sujet de l’envie amoureuse de rejoindre l’Aimé est d’une extrême tendresse et délicatesse. C’est la plainte d’une amante fidèle pourtant privée des faveurs de son bien-aimé. Elle se qualifie d’étrangère et craint d’être traitée comme une pécheresse et d’une meurtrière du fait d’avoir chanté les secrets de Son amour.

2. Il y a une progression thématique de la souffrance causée par la séparation, dans ce poème d’une unité parfaite et d’une cohérence étonnante : privation d’abord, méfiance, soupçon et diffamation ensuite, perte de patience, chagrin, visage pâle et pleurs.

3. Il y a une allusion évidente au premier vers de Mathnavi de Rûmî dans le vers 6 : la flûte qui raconte ses plaintes…


2. Neichabour

Mohammad Reza Shafi’i Kadkani

Hallâdj حلّاج

Il réapparut dans le miroir,

le nuage de ses cheveux dans le vent,

et de nouveau ce chant rouge d’An-al’Haq 1

sur ses lèvres.

Qu’as-tu chanté dans ta prière d’amour ?

Car il y a des années

que tu es monté sur le gibet et ces vieux gardiens

se méfient toujours de ton cadavre.

Les libertins de Neichabour

dans les moments d’ivresse

- d’ivresse, donc de vérité -

murmurent ton nom en secret.

Quand tu étais sur le gibet,

silencieux et stupéfait,

nous, foule de vautours de ce spectacle,

en compagnie des gardiens en mission

- donc exécutants excusés -

nous sommes restés complices et muets.

Partout où la brise de l’aube

porta tes cendres,

un homme surgit de la terre.

Dans les venelles de Neichabour,

les ivrognes de minuit,

de nouveau murmurèrent

tes chants rouges en refrain.

Ton nom est toujours sur les lèvres.

Téhéran, 1969

1. An-al’Haq, « Je suis la Vérité ». Voir Louis Massignon, La Passion de Hallâj, Gallimard, Paris, 1975.

P. 275, Un Miroir pour les voix - Dans les ruelles de Neichabour


3. Grappe de lumières

Simine Behbahani

Le silence ou la mort

« Se taire ou mourir », dit-on.

Mais un canari fera des merveilles

avant de mourir.

S’il ne lui reste qu’un dernier souffle,

ce souffle deviendra son dernier chant.

S’il doit mourir,

n’importe où, n’importe quand,

il mourra au sommet de son talent.

A sa mort,

la vie renaîtra de ses mélodies.

Ainsi un oiseau si faible

de ce fait mourra un oiseau fort.

Si on lui dit de ne pas chanter,

il ignorera les ordres.

Il sait chanter, il ne sait pas obéir.

Il mourra ignorant et savant.

S’il se lance dans le chant,

à quel ordre pourra-t-il obéir ?

Il sera éternel, il ne mourra pas,

même si le monde disparaît.

Si on lui offre la galaxie

comme le millet pour le faire taire,

il n’y touchera pas, il mourra

indifférent aux pertes et profits.

Un ciel de plénitude

se projette de ses yeux bleus.

Il ne se nourrit que de ce désir

pour pouvoir partir sans désir.

Il a suffisamment chanté

et en chantant a répandu des perles.

Il est libre de toute dette,

quelle crainte si la mort l’emporte ?

Cette façon de mourir

est une belle mort pour le canari, oui !

Laisse-le chanter à merveille,

laisse-le mourir en chantant !

33 / P. 406 گفتند یا مرگ با خموشی


4. Le Petit Divân de Chams de Tabriz

Je suis devenu poète et danseur

Ton amour m’a arraché le chapelet

et m’a soufflé des chants.

J’ai exprimé des regrets et des remords,

le cœur n’a pas voulu les entendre.

Je suis devenu poète et danseur,

ton amour a brûlé mon honneur,

ma pudeur et tout ce que j’avais.

J’étais chaste et ascète,

constant comme une montagne.

Mais ton vent, quelle montagne

n’a-t-il pas déplacée telle une paille ?

Si j’étais une montagne,

je suis devenu une fumée de paille dans ton feu

Quand je vis ton être,

j’ai eu honte et je suis devenu le néant.

De l’amour du néant naît le monde de l’âme.

Partout où le néant est venu, l’être a reculé.

Mais de ce néant qui est venu, l’être a crû.

Le ciel est d’un bleu foncé, et la terre,

telle une aveugle est assise sur le chemin.

Celui qui verra ta lune se méfiera

de tout ce qui est bleu et aveugle.

L’éloge de toi est en vérité éloge de soi.

Celui qui adore le soleil, adore ses propres yeux.

Tes louanges sont une mer, notre langue une barque.

Le marin y navigue et on lui souhaite « bon vent ! ».

La faveur de la mer est pour moi une fortune éveillée.

Pourquoi dois-je m’attrister si j’ai les yeux ensommeillés.

5. L’oeuvre poétique complète de Forough Farrokhzad

6. Où est la maison de l’ami de Sohrab Spehri, augmenté et complété avec L’Orient du chagrin.


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