Jalal Alavinia
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Cinéma

Femmes sans hommes - Le film

Shirin Neshat

mercredi 13 avril 2011, par Collectif LP

Shirin Neshat la célèbre artiste contemporaine iranienne qui vit et travaille aux Etats-Unis a entrepris l’adaptation cinématographique de l’œuvre de Shahrnoush Parsipour, Femmes sans hommes, en réalisant deux courts métrages intitulées « Mahdokht » (en 2004) et « Zarin » (en 2005) qui constitueront les deux premiers épisodes d’un long métrage de cinq épisodes. Née à Ghazvin en 1957, Shirin est allée aux Etats-Unis en 1974 pour étudier l’art. Elle est rentrée en Iran en 1990 et a commencé sa carrière de photographe en produisant une séries de photos nommée « Les femmes d’Allah » qui l’a rendue célèbre dans le monde entier. Depuis elle a créé plusieurs œuvres de vidéo projections qu’elle a exposées un peu partout dans le monde. En 1999, elle a remporté le prix Loin d’or à la 48ème biennale de Venise.

Voir en ligne : Voir notre article sur Shahrnoush Parsipour et son roman



Shahrnoush Parsipour, née à Téhéran en 1946, fait ses études en sociologie à l’université de Téhéran et écrit des nouvelles dès l’âge de 16 ans. Elle publie son premier roman, Le chien et le long hiver, à l’age de 28 ans et la même année démissionne de son poste de productrice au sein de la Télévision Nationale Iranienne pour protester contre la torture et l’exécution de deux journalistes et écrivains par la police secrète du Shah. Après avoir passé quelques mois dans les prisons du régime, elle quitte l’Iran pour la France où elle étudie la philosophie chinoise et écrit, en 1977, son deuxième roman, Aventures simples de l’esprit d’un arbre.

Elle retourne en Iran après la révolution et en raison d’un simple malentendu se trouve de nouveau en prison, cette fois pour quatre ans… Plus tard elle publie ses mémoires de prison, en partie reprises dans l’ouvrage de Chahla Chafiq sur la prison politique en Iran. A peine sortie de la prison, elle publie son troisième roman, Toubâ et le sens de la nuit, qui connaît un grand succès et qui est traduit en allemand, en italien et en anglais. Ensuite, elle publie son quatrième roman, Femmes sans hommes, qui lui apporte une notoriété plus importante, des ennuis avec les autorités, et l’interdiction totale de ses ouvrages en Iran. Ce livre est aussi traduit en plusieurs langues et maintenant grâce à Christophe Balaÿ est disponible en traduction française.

En 1992, elle commence une tournée littéraire en Amérique du Nord et en Europe, et après une brève visite en Iran, elle s’exile définitivement aux Etats-Unis. Depuis, elle continue à écrire et à publier, notamment ses mémoires de prison, Shiva, Sur les ailes du vent et un dernier roman, La raison bleue. Elle mène une vie très active en tant que romancière, essayiste et critique littéraire et a reçu plusieurs prix littéraires. En 2005, elle a joué dans le deuxième épisode du film de Shirin Neshat, Zarin, une adaptation cinématographique en cinq épisodes de son roman Femmes Sans hommes.



Femmes sans Hommes

Shahrnoush Parsipour

Roman

Traduction et Préface de Christophe Balaÿ

ISBN : 2-916012-04-04

224 pages, 15 €

Editions Lettres Persanes

Commande :

lettrespersanes@wanadoo.fr



Women Without Men > Secrets de tournage

Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Women Without Men " et de son tournage !

En leur mémoire

Women without men est dédié à tous les Iraniens décédés qui ont combattu pour que l’Iran soit un pays libre et démocratique, depuis la Révolution Constitutionnelle qui date de 1906 au Mouvement Vert de 2009 (qui fait suite aux dernières élections présidentielles iraniennes).

Neshat, artiste vidéaste et photographe

Shirin Neshat est avant tout une photographe et artiste vidéaste. Depuis plus de 10 ans, elle réalise des installations vidéo sur des sujets très différents comme les rapports entre hommes et femmes, le dogmatisme religieux ou l’autodétermination culturelle. Elle a tourné aussi quelques bandes vidéo dont Turbulent (1998) qui a remporté le Lion d’Or à la 48ème Biennale de Venise. Ses œuvres ont été exposées notamment à Paris, New York, Athènes, Londres, Amsterdam, Berlin, et Montréal. Son travail est boycotté par le régime iranien. Women Without Men est son premier long métrage en tant que réalisatrice et n’échappera pas à la censure dans son pays.

Shahrnush Parsipur

A l’origine, Women Without Men est l’adaptation d’un livre éponyme écrit par Shahrnush Parsipur, une des plus célèbres auteures iraniennes de l’époque contemporaine. Parsipur a subi plusieurs années d’emprisonnement et a dû ensuite s’exiler aux États-Unis. La nouvelle a été interdite en Iran depuis sa publication. L’écrivaine apparaît en outre au début du film sous les traits d’une mère maquerelle.

Neshat, Parsipur : même combat

Shahrnush Parsipur est une romancière que Shirin Neshat admire beaucoup. Cela fait longtemps que la réalisatrice voulait adapter Parsipur à l’écran : "Son imagination et le style surréaliste de son travail me fascinent et se prêtent par ailleurs parfaitement à la forme très visuelle, que je voulais pour mon film". Quant au livre Women Without Men, il est pour Shirin Neshat à la croisée de plusieurs thématiques : la réalité sociopolitique, le dogmatisme religieux, les événements historiques et les émotions humaines. La cinéaste est donc allée rendre visite à Parsipur en Caroline du Nord et des liens étroits se sont aussitôt créés. Le travail d’adaptation s’est ainsi effectué en toute symbiose.

Années mouvementées en Iran

Le film se déroule en 1953. Durant cette année-là, l’Armée Britannique et la CIA orchestrent un coup d’État en Iran. Leur objectif est de faire chuter le Premier Ministre de l’époque, le Docteur Mohammad Mossadegh ainsi que son gouvernement élu par les voies démocratiques, et de garder le contrôle sur l’exportation du pétrole. Après cette opération militaire, le Shah, allié des forces occidentales, a la mainmise sur l’ensemble du pays. Il transforme l’Iran en un régime dictatorial. Il va même jusqu’à créer une police secrète, la Savak, pour empêcher toute forme de contestation. Le Shah sera lui-même renversé durant la Révolution Islamique de 1979. Le gouvernement de Mossadegh, qui a duré seulement le temps d’un été, a été le premier mais aussi le dernier à être élu de manière démocratique.

Sujet tabou

Lorsqu’on lui évoque l’histoire de son pays et les révoltes de 1953, Shirin Neshat décrit l’impact que cela a eu sur sa famille : "Il était (...) devenu presque tabou de parler ouvertement du coup d’Etat et je me souviens difficilement avoir entendu ma propre famille débattre du sujet, ou même raconter ce qu’il s’était passé. J’ai appris après coup que plusieurs de mes amis et de mes relations proches étaient sympathisants du Docteur Mossadegh et ex-communistes, mais qu’ils n’osaient pas en parler".

Dissemblances entre l’écrit et l’écran

Le film s’éloigne du livre par divers aspects. De cinq personnages dans l’histoire originelle, la réalisatrice Shirin Neshat décide de n’en mettre en scène que quatre. La dimension surréaliste du livre a été quelque peu nuancée. En revanche, le contexte politique, qui ne sert que de toile de fond dans la nouvelle, prend plus d’ampleur dans le film. Shirin Neshat utilise en outre l’un des personnages principaux du film pour en faire une activiste qui milite dans un groupuscule communiste.

Casting d’expatriés

Pour le casting de Women Without Men, la production ne pouvait faire jouer des acteurs iraniens vivant en Iran. Il a fallu recruter des comédiens qui habitent exclusivement en Europe.

Tournage au Maroc

Women Without Men n’a pu être réalisé en Iran. Le tournage s’est donc déroulé au Maroc, les ruelles de Téhéran ayant été recréées dans la ville de Casablanca. Shirin Neshat affirme d’ailleurs que "Casablanca ressemble de façon surprenante au Téhéran des années cinquante".

Des couleurs saturées

Shirin Neshat affirme que l’utilisation de couleurs saturées permet de contextualiser l’époque à laquelle se déroule le film, à savoir dans les années cinquante. L’exploitation de telles couleurs se ressent sur différents d’éléments du décor : le verger, proche du pictural, ou encore les ruelles de Téhéran, où la couleur est beaucoup plus discrète, comme sur des images d’archive.

Le voile, objet complexe

Shirin Neshat explique que le tchador, ou voile, suscite de vraies polémiques alors que dans les années 50, les femmes iraniennes choisissaient de le porter en toute liberté : "Certains le considèrent comme quelque chose d’exotique, d’autres y voient un symbole de répression, d’autres encore comme un symbole de libération. (...) Beaucoup de femmes le portent dans la vie publique sans que cela ne soit particulièrement chargé de sens politique".

Concept du jardin

Le jardin est omniprésent dans la littérature perse et islamique. Il a toute son importance dans la culture iranienne, associé à l’idée d’exil, d’indépendance et de liberté. Dans Women Without Men, "le jardin est considéré comme un endroit de refuge, comme un oasis où l’on se sent en sécurité", explique Shirin Neshat.


Nouvelle Observateur

Women without men

Tiré d’un ouvrage célèbre en Iran, ce film « dédié à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie en luttant pour la liberté et la démocratie en Iran, de la Révolution Constitutionnelle de 1906 au Mouvement Vert de 2009 », a été reconnu dans nombre de festivals, notamment Lion d’Argent 2009 à Venise. L’action se passe à Téhéran en 1953 sur fond de coup d’État. Quatre femmes iraniennes issues de classes sociales différentes se trouvent réunies pour quelques jours. Alors que l’agitation prend de l’ampleur dans les rues de Téhéran, chacune de ces femmes va tenter de se libérer de son tourment, au moment où l’histoire de leur pays prend un tournant tragique qui n’a toujours fini de le bouleverser. Le mieux était de rencontrer la réalisatrice, Shirin Neshat, au moment de son passage à Paris. D’où cet entretien exclusif pour CinéLivres.

*** CinéLivres - Pourquoi avez-vous choisi de donner un titre quasiment féministe à un film sur l’Iran ? Est-ce une métaphore sur la situation des femmes dans ce pays ?

Shirin Neshat - Vous savez que ce film est basé sur un livre qui porte déjà ce titre, Women without men de Shahrnush Parsipur. C’est un livre très connu en Iran et son auteur compte parmi les écrivains contemporains les plus célèbres. C’est une histoire de femmes, mais pas seulement. Elle oscille entre des réalités sociopolitiques, religieuses et historiques très complexes et montre aussi la haute société iranienne au moment de l’arrivée au pouvoir du Shah dans les années 50. On pourrait bien sûr lire le titre comme une métaphore parce que toutes les femmes du pays sont en train de rêver à la liberté. Les hommes, mais aussi les Américains, apparaissent comme des oppresseurs et le livre, comme mon film, parle du pouvoir : pouvoir des femmes, pouvoir du peuple, pouvoir des classes sociales.

CinéLivres - On pourrait y lire comme une sorte de réponse à la prophétie d’Aragon : « La femme est l’avenir de l’homme » ?

Shirin Neshat - Oui, mais il ne s’agit pas de se dire si les hommes sont détestables, ou si les femmes sont les plus fortes, il s’agit seulement de pouvoir. Bien sûr certaines femmes dans cette histoire peuvent paraître avoir le pouvoir, mais en Iran je pense que les femmes sont surtout des victimes. En réalité, ce que je veux montrer c’est que les femmes sont au fond et malgré tout très puissantes. En Iran actuellement, je pense qu’on peut le constater. Dans mon film, mais comme dans mes travaux photographiques et vidéo, je veux montrer que les femmes certes vivent des situations d’oppression, mais elles sont surtout très courageuses et veulent prendre leur destin en main. En Iran, il y avait alors, et il y a toujours bien sûr, de nombreux problèmes, mais le peuple, et surtout les femmes, se battent. C’est un livre qui montre de façon très poétique ce combat des femmes.

CinéLivres - En France, on a alors beaucoup critiqué l’installation du Shah d’Iran par les Américains à la tête du pays. Que pensez-vous de l’influence des États-Unis sur l’histoire de votre pays ?

Shirin Neshat - C’est une question très importante parce que je crois que c’est pour tenter de l’expliquer que j’ai fait ce film. Je vis à New York, j’ai un passeport américain, mais je suis née en Iran et je sais qu’on écrit et filme de nombreuses choses sur ce pays, sur la guerre avec l’Irak, sur l’absence de démocratie, etc. C’est un pays dans lequel je ne peux plus retourner hélas, mais je pense que le monde, et tout spécialement l’Amérique mais aussi l’Europe, a trop tendance à oublier que ce sont eux qui ont commencé à y renverser la démocratie. De nombreuses personnes semblent l’ignorer et pensent que les Iraniens sont des personnes un peu folles, ou très en colère, mais elles ne connaissent pas ou ne se souviennent pas de ce coup d’État de 1953 que mon film raconte, et ne veulent se souvenir que de la révolution de Khomeiny en 1979. Je crois que maintenant le peuple iranien est fatigué de son gouvernement et cherche une nouvelle idéologie. Il y avait, avant l’arrivée de Khomeiny, une sorte d’union sacrée entre le peuple et les intellectuels et lorsque le régime des ayatollahs s’est mis en place, malheureusement il y eut de nombreuses condamnations à mort, de tortures et d’emprisonnements d’intellectuels. Les gens semblent vouloir penser à une autre solution après la révolution. Ce que mon film montre, c’est un Iran cosmopolite, élégant, intellectuel des années 50 avant même le coup d’État du Shah. On peut y découvrir ce qu’est le vrai visage de l’Iran.

CinéLivres - Pensez-vous que, de nos jours, l’Iran pourrait connaître une sorte de troisième révolution et quelle forme prendrait-elle si l’on se réfère à tout ce qui se passe actuellement en Tunisie, en Égypte, en Libye ?

Shirin Neshat - Je pense sincèrement que le peuple iranien est fatigué des révolutions parce qu’elles génèrent de la violence et entérinent des gouvernements purement fascistes. Les révolutions font toujours beaucoup de morts, mais en Iran c’est encore pire. Des milliers de personnes ont été tuées ou sont tuées régulièrement, laissant des parents exténués pleurer leurs enfants. Le gouvernement actuel sait qu’il est appuyé par la police, par l’armée, par certains religieux. Il a de nombreuses prisons à sa disposition, il peut exécuter les gens, les pendre. Il sait que le seul moyen de conserver le pouvoir c’est de se battre contre son peuple. Le peuple iranien est constitué surtout de jeunes, mais pour établir une nouvelle idéologie il lui faudrait un ou des leaders et il n’y en a pas. On constate la même chose dans tous ces pays qui viennent de se révolter contre le pouvoir, tels que l’Égypte, la Tunisie, la Libye, etc. Il n’y a pas un seul leader politique pour fédérer les insurgés. Ce sont des révolutions faites par les gens eux-mêmes et qui utilisent les réseaux sociaux et les moyens modernes de communication pour se révolter et combattre.

CinéLivres - Dans votre film, quelle est la signification de la femme enterrée et qui sort de la terre ? Seconde naissance ou deuxième mort ?

Shirin Neshat - Pour moi, c’est une renaissance. Dans le livre, Shahrnush Parsipur montre des femmes qui ne peuvent être libres lorsqu’elles sont en vie. On dirait qu’elles ne peuvent vivre que lorsqu’elles sont mortes et cette libération de la femme enterrée est le symbole d’une renaissance. C’est très symbolique de la même manière que le début du film qui représente un envol. Le vol n’est pas la mort, c’est même tout son contraire. Dans la tradition poétique et mystique iranienne, le vol est la liberté. Pour moi, il s’agit là d’une mise en scène vraiment métaphorique, allégorique même.

CinéLivres - Sans doute en référence aux grands poètes iraniens, à l’esprit même de ce peuple ?

Shirin Neshat - J’ai voulu donner une grande place à la poésie dans mon film parce qu’elle a une très grande importance en Iran, dans la tradition et la civilisation mêmes. Vous le constatez chez des réalisateurs comme Abbas Kiarostami ou Jafar Panahi, parce que la poésie est le meilleur moyen de transcrire les émotions et les sentiments qu’on éprouve. C’est un langage merveilleux et qui ne passe, au cinéma, pas que par les mots mais aussi par la photo, la lumière, les décors, le jardin notamment qui a une grande importance dans la littérature mystique. J’ai voulu rendre toute l’atmosphère poétique de ce pays à travers des sortes de tableaux. Je n’ai pas pu tourner le film en Iran, il est entièrement tourné au Maroc.

CinéLivres - Pouvez-vous nous parler du travail avec l’auteur, Shahrnush Parsipur ?

Shirin Neshat - Dès que cela a été possible, j’ai tenté de la rencontrer. Je l’ai rencontrée en fait lorsqu’elle est venue à New York, car elle vit elle aussi en Amérique, en Californie. Je savais qu’elle avait beaucoup souffert, qu’elle avait connu l’emprisonnement, la misère, la maladie et je l’ai tout de suite aimée. J’ai compris qu’il ne serait pas possible de travailler régulièrement sur le scénario mais j’ai été très émue qu’elle accepte d’apparaître dans mon film, dans le rôle de la mère maquerelle. On est de ce fait devenues très amies, mais elle n’a pas participé à l’écriture du film. J’ai travaillé sur le scénario avec mon mari, Iranien lui aussi, Shoja Azari. Il est aussi réalisateur et quant à moi, c’est mon premier film. Je viens de la photo et de la vidéo et je voulais apporter au cinéma ce que je connais du pouvoir de l’image, d’où en fait un film très visuel j’espère. Je voulais réaliser à la fois un film artistique, mais aussi un film politique qui marie l’art, la magie, la poésie, un mélange de tous ces genres. C’est pourquoi je ne suis pas parvenue à un résultat qui me satisfasse complètement. En plus, je m’étais imposé une sorte de challenge car le film se présente comme une sorte de conte à la manière iranienne, mais il s’adresse surtout au public européen ou américain. En Iran, on ne peut le voir bien sûr que sous le manteau. Le film a été bien reçu aux États-Unis, mais je ne peux rien présager par rapport à sa réception en France car je crois savoir que le public français préfère le cinéma réaliste ou social.

Propos recueillis par JMM

Women without men, un film de Shirin Neshat, sortie en France le 13 avril 2011.

Shahrnush Parsipur. Femmes sans hommes. Lettres persanes éditeur. 2006. 15 €.


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