Jalal Alavinia
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Editions Lettres Persanes

Milani, Farzaneh - Les Mots sont mes armes

Nouveauté Lettres Persanes

mercredi 7 août 2013, par Collectif LP


Nouveauté Lettres Persanes

Farzaneh Milani

Les mots sont mes armes :

Les femmes écrivains iraniennes et la liberté de mouvement

Farzaneh Milani est auteur de Voiles et paroles : la voix émergeante des femmes écrivains Iraniennes (1992), et a traduit avec Kâveh Safa, Une Coupe de péché : Poèmes choisis de Simine Behbahani (1999). Ancienne Directrice du Département des Etudes sur les Femmes et le Genre et titulaire de la chaire du Département des Langues et des Cultures du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud, Milani est aussi professeur de littérature persane et d’études sur les femmes à l’Université de Virginie à Charlottesville. Elle était chercheuse pour Carnegie Corporation (2006-2007) et titulaire de la chaire distinguée MacAndless à Eastern Michigan University pour l’année 2010. Ancienne présidente de l’Association des Etudes sur les Femmes du Moyen-Orient aux Etats-Unis, Milani a reçu le Prix All University Teaching en 1998 et a été nominée pour le Prix Virginia Faculty of the Year en 1999.


Auteur : Milani, Farzaneh

Titre : Les Mots sont mes armes :

Les Femmes écrivains Iraniennes et la liberté de mouvement

Titre d’origine : Words not swords

Traduit de l’anglais (américain) par Jalal Alavinia et Thérèse Marini

Format : 15 x 22.5

Prix : 25 €

ISBN : 9782916012117

Sortie : mars 2012

Diffusion et Commande :

lettrespersanes@wanadoo.fr 01 46 63 33 79


Extraits :

" Dans la première partie de ce livre, « Un héritage de confinement », j’examine les conséquences de la discrimination sexuelle dans une société où le droit à une place dépend de l’anatomie, et je soutiens que les relations entre les sexes, système culturellement défini et historiquement établi qui régule les rapports entre les hommes et les femmes, sont centrées en Iran sur la question de l’espace. L’étude des relations de genre, en tant que catégorie analytique dans les recherches sur l’Iran, n’a émergé que récemment. Même si les rapports rudimentaires, souvent écrits du point de vue des hommes et représentant ces relations comme un ordre immuable et décrété par Dieu, sont abondants, les explorations systématiques des dimensions sociales, institutionnelles et linguistiques des relations de genre sont rares. A ma connaissance, aucune étude n’a traité la question de l’espace et de la mobilité. Les conclusions présentées tout au long de cet ouvrage sont en effet exploratoires et souvent provisoires. Je ne m’intéresse pas seulement aux manifestations de l’inégalité des sexes, mais aussi à ses causes. Par exemple, même si je crois que le manque relatif de pouvoir économique chez la femme est un facteur important de l’inégalité des sexes, je voudrais savoir comment elle a été imposée aux femmes. Dans les deux premiers chapitres de la première partie, j’essaie plutôt de savoir comment les règles de la ségrégation sont simultanément acceptées et sabordées dans la littérature classique persane et dans le cinéma iranien. J’examine les questions de la représentation des femmes ainsi que leur entrée sur la page écrite et sur l’écran de cinéma. Dans le deuxième chapitre, « Les contraintes de la beauté », j’analyse le croisement de la beauté féminine, de la mobilité restreinte et de l’érotique de la passivité en Iran et dans d’autres cultures. Je demande pourquoi, les femmes statiques - les beautés dormantes - sont adorées, alors que celles qui se déplacent - les sorcières volantes (toujours des femmes) - sont calomniées. Ce chapitre, plutôt schématique qu’exhaustif, discute des instants et des lieux différents ainsi que des diverses pratiques d’embellissement hors de leurs contextes historiques et culturels.

"La deuxième partie, « Les ailes et les mots », est une célébration d’une composante importante de cet « autre Iran caché et confisqué ». Les femmes écrivains iraniennes, qui ont refusé de disparaître de la scène publique, sont parmi les figures les plus influentes de l’Iran contemporain. Elles ont produit une masse de littérature contestataire et interrogative, avec une vitesse que la littérature persane n’avait encore jamais expérimentée. Elles ont acquis une stature de haut niveau, réservée dans le passé uniquement aux hommes. Même si elles n’ont pas obtenu le niveau de reconnaissance internationale qu’elles méritent et que seulement quelques traductions de leurs œuvres sont exceptionnellement disponibles en anglais, et même si elles sont largement absentes des anthologies littéraires mondiales, elles ont tout de même produit une masse impressionnante de littérature et sont considérées comme l’emblème le plus menaçant du changement pour toutes sortes d’extrémistes. Les quatre chapitres de la deuxième partie leurs sont consacrés. Cette partie se concentre, surtout, sur quatre femmes écrivains majeures, trois poétesses et une romancière, qui construisent leurs univers sur la base de métaphores spatiales du mouvement et du confinement. Les contributions de Tâhereh Ghorratol’Ayn, Forough Farrokhzad, Simine Behbahani et Shahrnoush Parsipour au monde des lettres ont été aussi extraordinaires que leur défi lancé contre les dispositions anciennes de l’apartheid sexuel. Tâhereh qui refusa la discrimination sexuelle et célébra la liberté de mouvement (et de conscience), est reconnue comme la mère symbolique du mouvement des femmes en Iran. Les thèmes jumeaux de l’envol et de la captivité sont présentés comme le pivot central de la poésie de Forough Farrokhzad. La candeur et le courage de Simine Behbahani - la poétesse Gitane - l’ont transformée en symbole de la résistance et de l’intégrité à l’intérieur et à l’extérieur du pays et ont donné à l’Iran une poétesse nationale, pour la première fois, dans sa tradition littéraire glorieuse. Et Shahrnoush Parsipour prouve que les questions du confinement et du déplacement sont au centre de l’univers artistique des femmes et l’axe principal de leurs écrits.

"Dans la troisième partie, « Les prisonnières en attente de libération », au lieu de mettre l’accent exclusivement sur les femmes iraniennes, je me concentre sur la réduction des femmes iraniennes et des femmes musulmanes en général à des stéréotypes occidentaux. On ne peut pas dire que les stéréotypes soient totalement faux. Il y a souvent un élément de vérité. Le problème c’est qu’ils sont des représentations arrêtées. Ils sont fixes. Figés. Déshumanisés. Ils sont immobilisés, des images en cage d’une réalité qui au contraire bouge et change perpétuellement. Dans le huitième chapitre, j’étudie la naissance d’un nouveau sous-genre littéraire - le récit d’otage - et le portrait des femmes iraniennes en tant qu’éventuelles prisonnières d’un goulag géant aussi grand que l’Iran. Je soutiens que les récits d’otages, simplifient et généralisent, écrasent et fixent au lieu de préciser et développer. Ils présentent les femmes dans le rôle de victimes et effectivement rejettent leurs contributions à la culture iranienne, favorisant un récit général de l’oppression et de choses sans importance, de l’enfermement et de l’emprisonnement. Ces récits perpétuent, délibérément ou pas, l’héritage du silence et de l’insignifiance où il y a un combat déterminé pour la liberté et pour l’expression. Dans ce chapitre, j’examine l’attrait de la captivité comme un thème littéraire, et l’explosion de récits de vie écrits en anglais et adressés aux occidentaux, dans lesquels la figure de la femme musulmane est représentée comme victime d’une foi immobilisatrice, captive d’une armée multi-générationnelle de geôliers. Comme une expression des ambivalences et des conflits engendrés par les processus de la modernisation et par l’expansion du complexe de l’industrie pénitentiaire en occident, j’en conclus que l’émergence de ce stéréotype dans la littérature, est étroitement liée au drame social se déroulant à l’intérieur des sociétés occidentales.

" Mon but est double. Premièrement, je veux tracer la trajectoire fascinante de la présence grandissante des femmes iraniennes dans l’arène publique - un développement radical qui a ébranlé le fondement même de la société iranienne. Deuxièmement, je souhaite aussi défier la hiérarchie des normes culturelles qui détourne l’attention des questions essentielles concernant le contrôle des femmes en général. J’espère montrer qu’un livre sur la mobilité des femmes en Iran est étroitement lié aux autres sujets, par exemple : les principes sociaux et sexuels des pieds bandés en Chine, l’histoire de la commercialisation de la poupée Barbie dans le monde entier, les descriptions de la beauté féminine idéalisée dans la littérature pour enfants, dans la fiction et les films populaires de divertissement en Occident, et même le symbolisme et les pouvoirs subversifs de la figure de la Gitane et de la sorcière.

"Chaque livre, comme une porte, peut s’ouvrir dans deux sens. J’espère que ce livre saura convier les lecteurs à la maison de la culture et de la littérature iraniennes, les accueillir et les guider vers la sortie à travers la cour et les chambres privées, au-dessus des hauts murs et des jardins secrets, vers un monde plus vaste que nous partageons tous. J’espère que les lecteurs accompagneront les femmes iraniennes loin des espaces emmurés du passé et loin de leurs rôles traditionnels vers de nouveaux territoires et qu’ils se demanderont pourquoi, vu une telle sensation éblouissante de mouvement, leur image dominante aux Etats-Unis est celle de réelles prisonnières. Pourquoi la réalité de la vie des femmes en Iran - si défiante, si vivante, si subversive - est éclipsée par l’image d’une captive prise au piège dans les cachots du fanatisme et de l’autocratie ? A quoi devons-nous attribuer cette discordance de perception ? Les femmes iraniennes, sont-elles des filles kidnappées, des jeunes femmes séquestrées, des femmes invisibles telles qu’elles sont représentées communément, ou au contraire, sont-elles la formidable force civique telles qu’elles sont présentées dans ce livre ?"


Table

Remerciements… I-IV

Prologue

« Yeki boud, yeki naboud »… 1

Introduction

Garder les femmes à leur place… 17

Première partie :

Un héritage de confinement

Chapitre premier :

Corps claustrés, voix étouffées, images encadrées

La poétique de la ségrégation sexuelle… 55

Chapitre II :

Les contraintes de la beauté

Immobiliser la femme idéale dans la littérature iranienne… 83

Chapitre III :

Pardeh néchine ou « la femme qui s’assied derrière le rideau »

La politique spatiale du cinéma iranien… 115

Deuxième partie :

Les ailes et les mots

Chapitre IV :

Badachte et Seneca Falls

Tâhereh Ghorratol’Ayn et Elizabeth Cady Stanton… 155

Chapitre V :

Icare réincarné

La captivité et l’envol dans l’œuvre de Forough Farrokhzad… 185

Chapitre VI :

La poétesse Gitane

Fluidité et perpétuel devenir dans la poésie de Simine Behbahani… 218

Chapitre VII :

Les femmes sur la route

Shahrnoush Parsipour et la conférence des femmes-oiseaux… 249

Troisième partie :

Prisonnières en attente de libération

Chapitre VIII :

Lire et mal-comprendre les femmes iraniennes aux Etats-Unis

Filles kidnappées, et enfermées et femmes invisibles… 278

Epilogue

Les mots comme ambassadeurs de la paix et des phares de l’Espoir… 319

Notes… 335

Ouvrages cités… 397

Index… 415


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