Jalal Alavinia
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Chercheur

Louis Massignon

Orientaliste

samedi 19 mai 2007, par Collectif LP


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Louis Massignon

(25 juillet 1883 à Nogent-sur-Marne - 31 octobre 1962).

Biographie

Cet auteur d’une thèse monumentale sur la vie du grand soufi Mansûr Al-Hallaj (ﺝﺍﻟﺤﻠﺍ), crucifié à Bagdad en 922, n’est pas seulement lun des plus grands islamologues du XXème siècle, mais aussi l’un des maîtres de la langue française. Sa langue est d’une rare beauté. Il a occupé, provisoirement, le 15 juin 1919 la chaire de sociologie musulmane au Collège de France. Une chaire qu’il va occuper définitivement à partir de janvier 1926 jusqu’au 1954 après la retraite de son prédécesseur Alfred le Chatelier, le créateur de cette chaire.

Massignon a consacré des années entières de sa vie à la rédaction de sa thèse qui témoigne d’une grande rigueur scientifique et d’un souci exemplaire d’objectivité pour une matière aussi délicate et sensible que la mystique au sens large, la mystique musulmane en particulier. Il fut aussi un des principaux acteurs de l’établissement d’un dialogue entre l’Islam et l’Église catholique dont l’impact très positif figure dans le concile du Vatican II Nostra Aetate l’année même de sa mort en 1962. S’il est resté attaché durant toute sa vie au catholicisme, on lui a parfois reproché un certain syncrétisme qui ne fait que sa singularité en tant que scientifique et croyant, tel qu’aimait à le décrire le pape Pie XI :"le catholique musulman".

Dates clés dans sa vie

1901 : Sa rencontre avec Huysmans, un ami de son père le sculpteur Pierre Roche influencera profondément le parcours de sa vie. C’est aussi la date de son premier voyage à Alger.

1902 : Il a obtenu sa licence ès lettres. Préparation de son diplôme d’études supérieures en choisissant comme sujet de recherche : "tableau géographique du Maroc dans les quinze premières années du XVIème siècle d’après Léon l’Africain".

1904 : Voyage au Maroc pour son travail de recherche. Massignon disait qu’il a fait une randonnée à cheval au Maroc jusqu’à Fez.

1906 : Il obtient son dilpôme d’arabe classique et d’arabe dialectal. Début de son séjour au Caire où il fut désigné membre temporaire de l’Institut d’archéologie orientale par le grand égyptologue Gaston Maspero. Cette date fut aussi sa première découverte du grand soufi Al-Hallaj via le Mémorial des saints de Farid eddine ’Attar.

1907 : Dès 24 mars 1907, il décide de faire sa thèse de doctorat ès lettres sur Al-Hallaj.

1907-1908 : Chargé par le général Beylié de réaliser une mission archéologique en Mésopotamie. Dès son arrivée à Baghdad, il s’est installé le 7 janvier 1908 dans un vieux quartier musulman de la ville. Pendant une période d’un mois et demi, il va s’immiscer avec acharnement dans cette nouvelle culture et apprécier avec ardeur ses coutumes et ses spécificités. Il savait déjà que cette étape est cruciale pour sa thèse sur Al-Hallaj. Il a eu entre autre l’occasion d’apprendre le turc.

Parmi ses étudiants figurent : Henry Corbin, philosophe et grand spécialiste du grand mystique chi’ite Sohrawardi (Shaykh Al-Ishraq) ; Abdurrahman Badawi, penseur et philosophe islamique égyptien ; Abd al-Halim Mahmud, grand cheikh de l’Université d’Al-Azhar ; et aux Etats-Unis, George Makdisi ; Herbert Mason et James Kritzeck.

En 1954, il crée le pèlerinage des Septs Dormants d’Ephèse à Vieux-Marché dans les Côtes-d’Armor.

Il a été inhumé dans la commune de Pordic (Côtes-d’Armor)

L’œuvre

A sa mort, le 31 octobre 1962, Louis Aragon a écrit : « Un des hommes qui signifient la France vient de disparaître ». En effet, c’est dans l’œuvre même de cet homme qu’on peut comprendre la profondeur de l’hommage que lui rend Aragon.

La réflexion de Massignon sur le parcours de vie exceptionnel de Mansûr Al-Hallaj l’a amené à réfléchir sur des archétypes communs [1]entre Islam et Christianisme dont :

1/ Abraham le modèle par excellence de tous les croyants monothéistes.

2/ Fâtima la fille du prophète Muhammed, dont la figure mariale lui paraît être la réciproque dans le catholicisme.

3/ Les Sept Dormants d’Éphèse (ou Ahl al-kahf) d’où le nom de la sourate Al-Kahf dans le Coran.

4/ Salmân al-Farîsi (ou Salmân Pâk), un chrétien converti et compagnon persan du Prophète de l’Islam.

et de s’attacher à deux concepts clés qui apparaissent en filigrane dans toute son œuvre : "l’hospitalité sacrée" et "l’intercession" (ou substitution mystique).

L’œuvre de Massignon n’est pas exempte de critiques, parfois acerbes. Ainsi Edward Saïd considère la figure de Al-Hallâj comme "non pertinente", marginale, non représentative de l’Islam. Le même Edward Saïd note que que la grande proximité de Massignon avec "l’esprit" de l’Islam a pu fausser chez lui une vision sereine du catholicisme.

Œuvres de Massignon

La Passion de Al-Hallâj, Paris, Gallimard, 1975, 4 vol. (trad. anglaise par Herbert Masson, The Passion of Hallâj, Princeton, 1982) Al-Hallaj, Recueil d’oraisons et d’exhortations du martyr mystique de l’Islam, Paris, J. Vrin, collection "Etudes musulmanes", 1975. Edition bilingue.

Une biliographie exhaustive se trouve dans : Youakim Moubarac, "L’œuvre de Louis Massignon", Pentalogie islamo-chrétienne, Beyrouth, 1972, t. 1. Principaux ouvrages de L. M. :

Parole donnée, Paris, Julliard, 1962. Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane, 1922, réédition J. Vrin, Paris 1954.

L’ensemble des nombreux articles et textes inédits de Louis Massignon (à quelques rares exceptions près, notamment), a été publié par le père Youakim Moubarac : Opera minora, Paris, PUF, 1969 3 vol. (réédition de l’édition de Beyrouth, 1963).

L’hospitalité sacrée, nouvelle cité : Paris, 1987.(préface de René Voillaume / textes inédits présentés par Jacques Keryell)

Quelques ouvrages sur Massignon

Louis Massignon et ses contemporains, sous la direction de Jacques Keryell, Khartala, 1997.

Christian Destremau, Jean Moncelon, Massignon, Paris, Plon, 1994, bibliogr. (ISBN 2-259-00400-8) (la biographie de référence sur Louis Massignon).

Jacques Keryell, Jardin donné, Louis Massignon à la recherche de l’Absolu, éd. Saint-Paul, Paris, 1993.

Pierre Rocalve, Louis Massignon et l’Islam, Institut Français de Damas, 1993. Herbert Mason, Massignon - Chronique d’une amitié, Desclée de Brouwer, 1990.

Vincent Mansûr Monteil, Le Linceul de feu, Vegapress, 1987. (un témoignage unique sur la vie et l’œuvre de Louis Massignon) Collectif, Présence de Louis Massignon, Paris, Maisonnneuve et Larose, 1987, bibliogr.

Combats pour l’Homme, Centenaire de la naissance de Louis Massignon, UNESCO, Paris, 1983.

Guy Harpigny, Islam et Christianisme selon Louis Massignon, Louvain-la-Neuve, 1981 (la première thèse consacrée à Louis Massignon) Massignon, Cahiers de l’Herne, 1970.

Camille Devret, Massignon et Gandhi, Le Cerf, 1967.

Jean Morillon, Massignon, Classiques du XXe siècle, 1964. (première biographie de Louis Massignon) Mémorial Louis Massignon, Dar el-Salam, Le Caire, 1963 (hors commerce). Sous la direction de Youakim Moubarac et des textes arabes de Ibrahim Madkour, Abd al-Rahman Badawi, Taha Hussein, etc.

Hommage à Louis Massignon, Revue de la Faculté des Lettres de Téhéran, X, 1962.

J.J. Waardenburg, L’islam dans le miroir de l’Occident, La Haye, Mouton, 1962.

Hommage à Louis Massignon, Les Lettres Françaises, 15 novembre 1962. (avec un éditorial de Louis Aragon)


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