Jalal Alavinia
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A paraître

Simine Behbahani

Grappe de lumières

jeudi 22 mai 2014, par Collectif LP


Simine Behbahani

Poèmes 1956-2013

Grappe de Lumières

Poèmes choisis et traduits du persan par

Jalal Alavinia

en collaboration avec Thérèse Marini

Extraits :

Simine Behbahani

« Behbahani n’a jamais adhéré aux vérités absolues ; elle a toujours résisté aux modes binaires de la pensée. La fluidité de ses poèmes, les changements de genres et de formes qu’elle a employés, tout reflète leur contenu hybride, leur vision versatile du monde. Sa façon de reconfigurer les frontières familières atteste de l’élasticité de son esprit. Elle ne s’obstine jamais dans une position fixe ou rigide. Sa poésie refuse d’être confinée dans des catégories étroites. Le nouveau et l’ancien, l’Orient et l’Occident, le masculin et le féminin, le personnel et le collectif, le traditionnel et le moderne, l’art et l’histoire - sont tous tissés d’une manière cohérente dans l’étoffe de son œuvre. Elle conteste les hiérarchies, met en doute les relations entre les sexes, et essaie d’influencer la répartition du pouvoir, de l’espace et des ressources, non seulement dans la littérature, mais aussi ailleurs. Une série de ses poèmes dédiée aux Gitanes illustre encore mieux cette élasticité.

« Comme la Gitane dans ses poèmes, Simine Behbahani rejette le silence et l’immobilité. Elle a haussé la bannière de la rébellion poétique malgré le harcèlement, les attaques et les menaces de mort. A travers ses mots, une nation a retrouvé sa voix, a pu exprimer ses souffrances et enfin célébrer ses victoires difficilement remportées. Croyant fermement à la futilité de la violence et défendant un Iran où la contestation n’est ni éliminée ni punie, elle a compté sur les mots pour se battre pour la justice et la dignité humaine. »

Farzaneh Milani. Les mots sont mes armes. Les femmes écrivains iraniennes et la liberté dee mouvemnt. Lettres Persanes, 2012.

Grappe de lumières *

En souvenir de tes yeux lumineux,

j’ai ciselé de nombreux cristaux de poésie.

Pour y voir les sept couleurs de ta lumière, 1

j’ai projeté tant de rayons de mes souvenirs.

Mon cœur souffrant est tellement habitué à la douleur

que le velours de ma chevelure noire en a blanchi.

J’ai passé des nuits entières dans une attente pénible,

avant que le lustre de ma poésie exquise n’apparaisse.

Maintenant il y a d’innombrables chandelles lumineuses -

comme si des javelots de lumière pleuvaient sur elles.

Les chandelles, comme le visage d’une mariée,

couvert de soie, se sont ornées de bulbes de cristal.

« Mes yeux jetteront un regard doux sur cette chandelle,

car elle est son souvenir lumineux et agréable. »

« Ma colère frappera l’autre d’une gifle de reproche,

car c’est le souvenir d’une séparation pénible. »

C’est la nuit où il posa soudain un baiser sur les tulipes

de mes joues rougies par la pudeur.

C’est l’instant où il se retira soudain de ma mémoire fugitive et exigeante.

Je dévore de mes yeux affamés et impatients

cette finesse, cette grâce et cette beauté.

Je crie : « Regardez mes amis ce rayon de l’éclat pur

de mon imagination ! »

« Maintenant, sous la lumière de mon lustre,

heureuse, je prends plaisir à célébrer ce lieu.

Mais quelqu’un murmure aux oreilles de mon âme :

ce lustre - malgré sa subtilité - est fragile ! »

* La grappe de lumières traduit le mot tchehel-tcherâgh en persan qui signifie un lustre à quarante lampes.

1. La lumière traduit le mot mehr en persan qui signifie le soleil et sa lumière, et aussi l’amour.

Poème n°1. Source : P. 171 چلچراغ

Le vin de lumière

Les étoiles dorment maintenant,

viens !

Le vin de lumière coule

dans les veines de la nuit,

viens ! J’ai tant versé de larmes d’attente

dans le giron de la nuit

que le bourgeon d’aurore

a éclos et l’aube a soufflé,

viens !

Dans le ciel de mon esprit,

ton souvenir telle une étoile filante

a tracé partout des lignes d’or,

viens !

J’ai tant raconté d’histoires

de mon chagrin à la nuit que le chagrin

a fait pâlir mon visage et celui de la nuit,

viens !

Si tu veux me revoir

avant que je quitte ce monde,

prend garde, c’est le moment ou jamais,

viens !

J’entends des pas

et je pense que ce sont les tiens,

mon cœur explose dans ma poitrine,

viens !

Tu n’es pas venu

lorsque le ciel se remplissait de grappes.

Maintenant que la main de l’aube les a cueillies,

viens !

Tu es l’espoir du cœur brisé de Simine,

viens !

Ne fais plus perdre l’espoir à mon cœur,

viens !

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