Jalal Alavinia
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Nuits Persanes

Soirée Sohrab Sepehri

A l’occasion de la sortie de son recueil de poésie : L’Orient du chagrin

mercredi 23 décembre 2009, par Collectif LP


Sohrab Sepehri

L’Orient du chagrin

Poèmes Ecrits Peintures

Traduit du persan par

Jalal Alavinia

LETTRES PERSANES

Collection Nouvelle poésie persane

Nous avons publié, en 2005, Où est la maison de l’Ami, une anthologie de la poésie de Sohrab Sepehri (1928-1980), l’un des plus importants poètes et peintres contemporains iraniens. Nous y avons inclus quelques dessins et peintures de l’auteur.

Ce deuxième livre que nous lui consacrons comprend deux parties principales. Dans la première partie intitulée « Le peintre des mots », nous publions un recueil de ses poèmes inédits d’inspiration mystique, « L’Orient du chagrin » qui se nourrit de plusieurs courants de pensée et de pratiques orientales. Ces poèmes sont précédés d’une autobiographie partielle du poète que nous avons complétée par une chronologie de sa vie. Elle est suivie d’un extrait de « La Chambre bleue », un récit émouvant du poète sur ses premières expériences mystiques. Les poèmes dans cette partie sont accompagnés de dessins en noir et blanc.

La deuxième partie, « Le poète des couleurs », comprend quinze plaquettes de ses peintures en couleur représentant son évolution, suivies des extraits d’une « Conversation » du peintre avec son « professeur français », dans laquelle ils échangent leurs points de vue sur plusieurs aspects de l’art en Orient et en Occident. Cette conversation montre la profondeur et la richesse de la pensée et de la connaissance de l’auteur iranien en matière d’art et de littérature, et témoigne de ses voyages, de ses visites et de ses études innombrables partout dans le monde. Nous avons aussi inclus dans cette partie, les réflexions originales de Sepehri sur les rapports entre la couleur et le son, entre la peinture et la musique.

L’ensemble de ces écrits, de ces poèmes et de ces peintures est destiné à faire connaître les dimensions multiples de l’univers de Sohrab Sepehri, l’un des artistes les plus érudits et cultivés de son temps. Il s’est inspiré d’une multitude de sources et de pratiques littéraires, mystiques et culturelles en Orient et en Occident.

Son regard vers l’homme, le monde et la nature se situe au sommet des plus hautes pensées universalistes et humanistes.

ISBN : 9782916012070

Prix : 18 €

Je suis de Kâshân …

Texte abrégé

« Je suis de Kâshân, mais je suis né à Qom, le 6 octobre [1928]. Nous ne sommes pas restés longtemps à Qom. Nous avons déménagé vers la terre natale de mon père. J’ai eu une enfance colorée et plongée dans la peur et la fascination. Nous vivions avec nos oncles et nos grands-parents. La maison était grande. Il y avait un jardin avec toutes sortes d’arbres. C’était un bon endroit pour apprendre...

J’étais encore petit quand mon père tomba malade. Il le resta toute sa vie. Il était télégraphiste. Il dessinait, calligraphiait et jouait du târ. C’est lui qui m’initia à la peinture...

... Nous, les enfants, ne cessions pas de comploter. Nous avons très vite appris à chaparder des fruits. Quel plaisir ! Les nuits nous rampions sur la plaine de Safi Abâd pour mettre la main sur les concombres et les melons. Nous pressions l’obscurité et l’angoisse dans le creux de nos mains. C’était un bon exercice. Ma main connaît toujours une angoisse quand elle s’approche des fruits.

... C’est en chassant que je découvris le corps nu de la nature. J’ai glissé mes mains sur la peau des arbres. Je me suis lavé les mains et le visage dans l’eau courante ; je me suis laissé aller dans le vent. Je brûlais de la passion de contempler.

J’avais peur de beaucoup de choses… du directeur de l’école, de l’approche de l’heure de la prière, du visage maussade du samedi ; comme je détestais les samedis ! Mon bonheur commençait dès le jeudi matin.

…Pendant ma première année d’école, un jour où j’étais en train de dessiner, l’instituteur me donna un coup de baguette et me dit : « Tu es très bon en tout, ton seul défaut c’est que tu dessines. » Ce fut mon premier prix de peinture. Mais j’ai continué à dessiner sur tous les murs de la maison.

Au lycée, le cours de dessin était plus sérieux. Il était un point lumineux dans la noirceur de la semaine.. Dans ma ville les poètes peintres et les peintres poètes ont été nombreux. Nous allions ensemble dans les plaines et nous nous formions à l’adoration de chaque reflet.

J’étais encore instinctif et ma peinture était l’œuvre de mes instincts. Dans ma ville, il n’y avait ni peintures, ni pinceaux, ni musées, ni galeries, mais, il y avait une parenté entre l’homme et son environnement. Il existait une affinité entre la main et le mur en torchis. Il y avait de l’espace et la fraîcheur de l’expérience. On pouvait marcher pieds nus et sentir la dureté de la terre. On pouvait voler des grenades et jeter les bases d’une nouvelle morale. On pouvait s’entendre avec les briques. J’ai fini les trois ans d’études au lycée, puis je suis allé à Téhéran. Je me suis inscrit à L’Ecole Normale. J’étais maintenant dans une grande ville, mais il n’y avait pas tellement de possibilité pour progresser...

J’ai terminé mes études et je suis rentré à Kâshân. C’était l’époque des changements.

L’ancienne maison n’existait plus. Les grands-parents étaient morts et les oncles habitaient des maisons séparées.. C’était l’année 1945, le temps des loisirs et l’occasion de réfléchir. Le terrain se préparait pour les secousses agréables.

Nous étions enfants de la vastitude et adorions les grands espaces. Nous nous élancions dans le souffle de la saison. Les dunes du désert nous apprenaient la modestie. Là où il y avait l’horizon, on ne pouvait qu’être modeste. Nous allions à la rencontre du soleil brûlant et nos chaussures respectaient l’inviolabilité de la terre.

Fin décembre 1946, j’ai trouvé un emploi dans l’Education Nationale. Ma rencontre avec un jeune poète qui travaillait avec moi donna une nouvelle couleur à ma vie. J’avais lu les poèmes de Moshfegh Kâshânî, mais je ne l’avais pas rencontré. Moshfegh a pris ma main et m’a appris à écrire. C’est lui qui m’a appris l’alphabet de la poésie. J’écrivais tous les soirs... J’apprenais l’art de la poésie, mais l’air poétique qui me touchait avait une odeur particulière. Il me conduisait en présence des expériences perdues. Il me rendait rêveur. J’étais engagé dans un échange agréable avec la vie, et je marchais en amour. Je lisais moins de livres. J’observais davantage. Au milieu des tracés de la solitude, j’entrais en extase.

Eté 1948. Nous allâmes en famille à Ghamsar. Il faisait beau et je ne faisais que peindre et escalader les montagnes. C’est là-bas que j’ai rencontré Manoutchehr Sheibânî et cette rencontre me bouleversa.

Ce jour-là, Sheibânî, sur le perron de sa maison, nous raconta des choses. Il parla de l’art et nous montra les œuvres de Van Gogh. J’étais dans un état de vertige plaisant. Tout ce que j’entendais était nouveau pour moi et tout ce que je voyais était étrange. Le soir quand je suis rentré chez moi, j’étais un autre. J’éprouvais le goût d’une métamorphose dans ma bouche jusqu’aux profondeurs de mes rêves.

Le lendemain, ma peinture changea de nature. Elle ne s’était pas améliorée, mais elle prit un autre chemin. Depuis ce jour-là, je voyais Sheibânî plus souvent et nous allions nous promener dans les plaines. Nous peignions et parlions. Sheibânî lisait ses poèmes et parlait de Nima et de la nouvelle poésie. C’est durant ces promenades que ma conception artistique s’est transformée. La même année, je m’inscrivis à l’Ecole des Beaux Arts de Téhéran. C’était l’époque des changements artistiques dans notre milieu. Le combat des coqs faisait rage Le nouveau combattait l’ancien. Et dans la foulée de ces passions et de ces luttes, mon œuvre se formait peu à peu… »

La Chambre bleue

Sohrab Sepehri

Texte abrégé

Au fond de notre jardin, il y avait une chambre bleue. Elle n’était pas étrangère à la vérité de la terre. Nous vivions dans cette chambre. Un jour ma mère y entre et voit un serpent lové en haut de la cheminée. La peur ne la quitte plus et nous abandonnons la chambre bleue pour nous installer dans une grande chambre blanche...

... Ma mère avait raison de nous loger dans la chambre blanche. Le sud étant le lieu de « la compassion », personne ne tua le serpent de la chambre bleue.

Les bouddhistes aussi placent le bleu au sud et comme les hindous situent le blanc au nord. Chez nous c’était pareil. Quelles ressemblances agréables ! Notre maison était le modèle réduit de l’univers…

Nous sommes partis et il n’y avait plus de tapis dans la chambre bleue, ni de coffret de velours, ni de miroir… rien ne dérangeait le vide de la chambre, elle était vide comme l’âme taôiste. On pouvait y atteindre le « calme dans le vide », le « contentement ».

Personne ne fréquentait la chambre bleue, sauf moi. Ce n’était pas une chambre ordinaire. Le cerveau de notre maçon l’avait puisée dans « l’inconscient collectif ».

Le sol de la chambre bleue était recouvert d’une couche jaune de torchis. C’était quelque chose de familier pour moi. C’était la peau du corps de ma ville. Combien de fois suis-je allé m’asseoir sur le toit en torchis, y courir et faire envoler mes cerfs-volants. Les rondeurs des toits voûtés des maisons étaient tellement séduisantes !

Sur chaque mur de la chambre bleue, exactement au milieu, il y avait une niche. La seule fenêtre de la chambre se trouvait dans la niche du mur nord. Chaque niche indiquait l’un des quatre points cardinaux. La chambre bleue était un mandala. Je l’ai appris plus tard. Elle était la représentation allégorique de l’univers et du corps de l’homme. C’était la scène du drame de la multiplicité et de la redécouverte de l’unité. C’était le guide vers le salut et le lieu du réveil de la conscience émancipatrice. Le maçon de la chambre n’avait employé ni la corde blanche, ni la corde colorée à cinq brins. La voix qui était enfouie depuis les temps anciens dans son inconscient avait guidé sa main.

La chambre bleue fut abandonnée. Personne n’y pensait plus. Ce mysterium magnum se cachait derrière les arbres du jardin de mon enfance. Mais elle se révélait à moi. Une force noire m’attirait vers elle. Parfois, au milieu du jeu, elle m’appelait. Je me séparais de mes camarades de jeu et j’y allais pour me reposer. Je prêtais l’oreille aux voix. J’entendais une voix en moi, comme celle de l’eau que l’on entend dans ses rêves. Un air matinal des choses me traversait et me heurtait. Mes yeux ne voyaient rien. C’était le vide en moi qui regardait et voyait des choses. Je me sentais léger comme la plume, et peu à peu je remontais en moi. Une présence prenait ma place. Une présence comme le souffle de la lumière. Lorsque cet état fragile et ténu se fissurait comme une céramique, je me jetais dehors...

Ma passion

Je suis le târ,/ prisonnier du chant.

Prends-moi,/ joue-moi !

Frappe « lâ », / joue l’air de « fanâ » * !

Je suis la fumée : je déferle, je glisse, je fuis.

Je brûle, je brûle : je suis la lanterne du désir.

Fais de moi une fleur et brille !

Je devins miroir, / pur de la lumière et de l’ombre.

Le démon et la fée sont venus,

démon et fée, je suis devenu.

J’étais dans l’ignorance.

Le Coran au-dessus de ma tête,

la Bible mon oreiller,/ la Torah mon lit,

et l’Avesta mon manteau.

Je rêve :

un bouddha dans le nénuphar sur l’eau.

Là où les fleurs de prière poussèrent, / je les cueillis.

J’ai un bouquet, / ton Mehrâb est hors d’atteinte :

lui en haut, moi en bas.

J’ai des paroles parfumées, / n’est-ce pas ?

Le vent de « viens ! » m’emportait

et je devins sans provision.

Je cueillis des fleurs dans la montagne d’« où »,

je mangeai des fleurs.

J’ai une clameur dans les veines,

arrose-moi de ta source, arrose-moi,

rends-moi agréable une goutte d’eau,

rends belle ma passion !

Lève le vent, / enfonce les portes de la parole,

balaie l’empreinte de la voix,

emporte la fumée de « pourquoi »,

ainsi que la vague de « moi »,/ « nous » et « vous » !

Jette un pont entre la rosée / et la tulipe de la pureté !

De ce rêve,/ plante une fleur dans mon œil,

plante une fleur !

* Fanâ, anéantissement.

Lettres - poèmes

Téhéran, mars 1963.

Nazi,

Je regarde et des choses fleurissent en moi. Dans cette journée nuageuse, comme je suis lumineux. Tous les fleuves du monde coulent en moi. Pourtant moi, je me remplis de rien. La terre est riche en beauté. Mes yeux en sont pleins … Nos yeux ne sont pas petits. La beauté n’a pas de limite. Je t’ai vue à l’ombre de l’été. Hier quand j’ai reçu ta lettre, il y avait toujours les traces de ta visite sur la terre, elles étaient toujours fraîches. De quoi parlions-nous en ce midi de Shemiran * ? Mes mains débordaient de la lumière du monde et tu restais debout au clair-obscur de ton âme. Parfois, tu restais immobile comme un oiseau, stupéfaite. Nazi, tu es meilleure que l’eau, la pomme et le nuage.

Tu atteindras l’aube. Il ne faut pas que tu trébuches ! Je suis ton ami, je prendrai ta main. Sois mouvante, comme les oiseaux, comme les plantes ! Lorsque tu arrives devant un arbre, contemple-le ! La contemplation te dirigera vers le ciel. A notre époque, on ne nous apprend plus à regarder. L’arbre ne sert qu’à décorer la maison. Personne ne croit plus aux fleurs de la cour du voisin. Les liens sont brisés. Personne ne marche au clair de lune et ne devient conscient de l’envol du corbeau. Personne ne voit Dieu à côté du parapet du perron et ne trouve l’éternité dans un bol d’eau.

Dans les yeux, on ne voit pas les branches. Dans les veines il n’y pas de ciel. A notre époque, les arbres sont plus verts que les hommes, les montagnes plus hautes que les souhaits, les bambous plus droits que les pensées, la neige plus blanche que les cœurs.

Ne blâme personne ! Un jour, j’irai arroser le jardin du voisin, tu iras saluer les pins, les sansonnets se mettront à notre table et les gens deviendront plus tendres que les arbres. Maintenant, ne te tourmente plus si on affiche le prix des fleurs dans les magasins, si on égorge le coq avant l’aube, si on attache le cheval à un chariot ou si on donne le repas de la veille au mendiant… Ce ne sera pas toujours ainsi.

Escalade les hauteurs de ton être et sois dans l’attente de ta propre aube ! Caresse le monde ! Ouvre la fenêtre et regarde le liseron ! Tourne-toi vers la clarté ! Ne te détourne pas des déchets, car ils sont des parcelles de la vérité. Fleuris !

Sois débordante pour que ta plénitude coule dans tous les sens ! Une voix t’appelle, suis-la ! Sois un exemple pour toi-même ! Vois avec tes propres yeux ! Vis avec tes propres découvertes ! Plonge en toi pour être plus proche des autres ! Sois ton propre messager ! Apporte ton propre message ! Cueille les fruits du jardin en toi. Tu verras des branches tellement chargées de fruits que tu demanderas des corbeilles, mais une seule branche suffira pour remplir ta corbeille.

Au milieu de cette journée nuageuse, je t’ai appelée. Je t’appellerai au milieu du monde et je resterai dans l’attente de ta voix. Dans cette vallée de la solitude, sois un fleuve et chante ! Je t’entendrai.

Non à la pierre

Dans le fleuve du temps,

je fleuris en rêvant de te contempler.

Je lave le visage de mon âme

avec la rosée que tu répands.

Mes plumes ? Je m’en suis dépouillé.

Je suis l’œil de la joie,

je suis mouillé d’un regard.

Je ne suis pas ici, je suis là-bas.

De l’autre côté du regard,

je vois quelque chose,

je cherche quelque chose.

Je casse une pierre,

je parle d’un secret avec ton image.

La feuille tombe, je bois le vent.

Je vis de chagrin, un nuage s’en va,

je suis la montagne : je perdure.

Je suis le vent : je fouille.

Dans l’autre plaine,

si la fleur du regret pousse,

j’y vais,

je respire.

Coule !

Brille !

Car j’ai débarrassé l’horizon,

dépoussiéré le temps,

et versé l’eau du « regard ».

Dans la poterie de l’œil,

j’ai déposé « cent feuilles » du regard

et je me suis assis.

J’ai brisé le miroir

pour me combler de toi,

je me suis dépouillé

et j’ai brisé la chaîne.

Les belles rirent,

je leur ai donné

le sommeil de « pourquoi »,

elles se sont endormies.

Une grenouille sursauta.

Je lui ai donné du chagrin, elle s’assit.

Dans le champ du doute,

j’ai foulé aux pieds chaque herbe

et dans chaque forêt

j’ai cueilli une passion.

J’ai senti ton parfum,

j’ai donné de la force à la voix,

des ailes à l’âme

et j’ai chanté : « Brille ! »

Ton écho retentissait,

je suis devenu une goutte,

J’ai glissé du toit de la voix

et je l’ai entendu.

Un court instant je te vis

et j’ai couru.

J’ai bu l’eau de ta manifestation

et j’ai brillé.

Oraison

Tends la main,

pour qu’une centaine de gouttes

se déversent de tes doigts

et que chaque goutte devienne un soleil.

Qu’il perce notre nuit

d’une centaine d’aiguilles de lumière.

Nous sommes impatients

et l’oraison est libre de toute couleur.

Fais de ton amour un sourire

et pose-le sur nos lèvres !

Qu’un hymne se crée digne de toi !

Nous sommes le noyau caché du regard.

Fais un nuage de ta manifestation,

envoie-le pour qu’il nous arrose.

Que nous explosions de passion,

grandissions et rejoignions ton soleil !

Nous sommes la forêt dense

de la croissance.

Saisis une centaine d’étincelles

du feu de ta compassion,

fusionne-les dans un éclair

et frappe nos corps !

Qu’une forêt de sincérité émerge

de nos cendres !

Nous avons confié nos yeux

au sommeil, il y a fait son nid.

Arrose nos visages !

Que le lys des yeux fleurisse,

qu’il s’abreuve de ta brillance et se fane !

Notre vision s’est perdue.

Aide-nous et noue nos regards !

Que ton être entier coule en nous !

Nous sommes une harpe :

chacune de nos cordes

est douleur et passion.

Frappe nos cordes du calme éternel,

pour nous vider de nous et nous remplir

de la sublime note du silence.

Nous devînmes miroir,

nous avions peur de toute image.

Projette-toi en nous !

Embrasse notre existence

pour que nulle autre image

ne nous habite plus.

Partout des frontières, partout des noms.

Fais un fil de la chose sans forme,

enfile la perle du temps et de l’espace !

Que tout s’unisse,

qu’il ne reste ni frontière ni nom !

Ô hors d’atteinte !

L’aile de la solitude est fatiguée.

Souffle une passion de temps à autre !

Que le sillon de l’envol s’efface en toi !


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