Jalal Alavinia
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Evènement

Soirée ’Attâr

Quatrains

samedi 30 mars 2019, par Collectif LP


Mardi 23 avril 2019 à 19h

Soirée ‘Attâr

Rencontre et dialogue avec

Jalal Alavinia

A l’occasion de la parution de sa dernière traduction

Quatrains

600 quatrains choisis et traduits du persan

par Jalal Alavinia

en collaboration avec Nicolas Jean


Quelques quatrains à savourer


Mon aimé, entre toi et moi, qui est qui ?

L’explication que j’en donne n’est pas subtile.

Si je suis moi, pourquoi je ne sais pas qui je suis ?

Si je ne suis pas moi, pourquoi tous ces cris ?


L’âme sans trouver le secret de l’énigme

tombe dans l’abîme et n’atteint pas la cime.

Le pauvre cœur à cause de l’âme maudite

devient un atome et n’atteint pas la mine.


Ce bas monde n’est qu’un lieu d’oppression.

Des milliers de corps tués sur chaque route.

Sa survie ne rendra personne heureux.

Sa mort ne vaudra pas la peine de pleurer.


La foule qui envahit la terre soudainement

attenta à la vie des braves aux cœurs brûlés.

Les braves âmes du monde se sont retirées car

le monde est aujourd’hui régi par les impotents.


Si on soulève le couvercle de toutes les affaires,

le monde entier bouillonnera comme une marmite.

Puisqu’on ne pourra pointer du doigt personne,

garde le doigt sur les lèvres et ferme les lèvres !


Si tu es voyageur, tu dois traverser le sang.

Épuisé et basculé, tu dois avancer vers la fin.

Ne pose pas de question, reprends ton chemin !

Le chemin te dira comment le reprendre.


Puisque je n’ai pas trouvé la croyance,

j’ai décidé de m’installer dans l’incroyance.

À présent, je ne suis ni mécréant ni musulman.

Sais-tu comment je suis ? Je suis tel que je suis.


Une vie entière, j’ai planté les arbres du sens.

Je me disais que je n’ai plus de comptes à rendre.

Maintenant, j’ai lavé la table de mes actes

par mes larmes et j’ai brisé le calame.


Nous déposons à toute heure un peu de notre vie

jusqu’à l’heure de nous libérer du chagrin de la vie.

Nous nous jetons au feu de la bougie jour et nuit,

jusqu’à nous libérer comme le papillon de notre vie.


Le temps où je parlais de l’ascèse est passé.

Me voici et une nouvelle douleur et un vieux vin.

Hier j’étais à la tête du couvent de la religion.

Aujourd’hui je suis à la taverne sans tête ni pieds.


L’ascèse te dépossédera de ta passion.

Elle te rendra égoïste et privé d’enthousiasme.

Donc, ne tourne pas autour de moi, ô ascète !

Car ce qalandar libertin rendra tes prières nulles.


Jusqu’à quand tolérer ces abrutis ?

Ceux qui ont la poche pleine et le cœur vide !

Jusqu’à quand subir l’hostilité de ces imbéciles ?

Ne te soucie pas de ce monde éphémère, ô sâqi !


Maintenant que la fleur a éclos, levons-nous

et sauvons-nous du chagrin grâce à la joie du vin !

Peut-être que le printemps prochain, ô compagnons,

la fleur du fruitier tombera en même temps que nous.


Le clair de lune a déchiré la robe de la nuit.

Bois du vin ! Une meilleure nuit ne viendra pas.

Sois heureux et sache que la lune brillera

longtemps sur la terre de chacun d’entre nous.


Nous sommes partis et les temps restent troubles.

Pourtant, de nos cent perles, une seule est percée.

Hélas ! Cent mille paroles subtiles restent encore

non dits à cause de l’ignorance de la foule.


‘Attâr quittera ce monde, frappé de douleur.

Tombé à terre il partira, le cœur en sang.

Ainsi deviendra-t-il tel qu’il était dans le temps.

L’éloquent du monde, deviendra-t-il si silencieux ?


Parfois on décrira ma parole la langue de la folie.

Parfois les sages me décriront le seigneur des arts.

S’ils sont des savants, ils écriront mes mots en or.

S’ils sont amoureux, ils les écriront de leur sang.


Présentation de M.R. Shafi’î Kadkani

« Le livre du Libre arbitre est le recueil des quatrains de Farid ed-Din ‘Attâr de Neishabour, compilé et nommé ainsi par l’auteur lui-même en cinquante chapitres. Aucun autre poète persan n’aurait composé autant de quatrains de qualité et authentiques, excepté les quatrains attribués à Omar Khayyam. D’autant plus qu’un grand nombre de quatrains attribués à ce dernier sont ceux de ‘Attâr. Donc, cet ouvrage est l’une des pistes les plus importantes pour la recherche sur l’œuvre de Khayyam.

Un aspect important des quatrains de ’Attâr est la diversité de leurs thèmes et l’importance de leur nombre. D’autres poètes ont peut-être écrit autant de quatrains que ’Attâr, mais nous ne trouvons pas la même qualité d’écriture chez ces auteurs.

C’est en raison du nombre considérable de ses quatrains que, contrairement à tous les autres poètes, ‘Attâr leur a consacré un ouvrage entier et, à notre connaissance, c’est lui-même qui pour la première fois les a classifiés selon chaque thème.

Dans la plupart des catégories de la poésie persane, c’est toujours la forme qui prime sur l’expérience poétique. Mais dans le quatrain, c’est l’instant et l’expérience poétiques qui dominent souvent la forme. C’est pourquoi dans ce livre, les expériences et les instants spirituels sont plus variés et abondants que dans ses autres ouvrages. » Extrait

Préface de ’Attâr

« Un groupe d’amis intimes, de compagnons de souffle, de proches perspicaces et d’alliés familiers qui possédaient un cœur comme le soleil, qui respiraient la vérité comme le lever du jour et qui souriaient de la brûlure comme la chandelle, d’un visage pur comme le miroir, s’adressèrent à cet humble serviteur avec une demande insistante :

…les quatrains qui se trouvent dans Le Divân sont très nombreux, difficiles à mémoriser et privés de la parure de l’ordre et de la concision, et même s’ils ont une composition mais manquent une construction, donc beaucoup de chercheurs ne peuvent pas en profiter et les demandeurs renoncent à leur effort sans avoir atteint leur but. Si une sélection est effectuée et un ordre est choisi, leur organisation et leur beauté augmenteront et grâce à leur concision ils connaîtront un succès plus grand.

De cinq mille vers restants, nous avons choisi ce qui se trouve dans ce volume [2088 quatrains dans le texte d’origine] et nous avons laissé le reste dans Le Divân. Qui cherche trouve. Et nous l’avons nommé Le Livre du libre arbitre. Nous pensons et nous sommes certains qu’aucun autre auteur n’a pu produire un tel volume, car s’il y en avait un, il se serait manifesté. Et ces vers sont les fruits de l’expérience et pas de l’ingénierie ni du maniérisme. Nous les avons écrits tels qu’ils sont venus, immergés dans le sang. Si un jour le drame de la vie des gens expérimentés s’abat sur toi et que tu te plonges pendant des nuits dans l’étonnement, alors tu sauras d’où se sont envolés ces rossignols sublimes et ces perroquets mangeurs de sucre. « Celui qui n’a pas goûté ne connaîtra pas. »

Postface de Nicolas Jaen

‘’Attâr est celui qui a trouvé ce qu’il n’avait jamais égaré. Ce qu’il a trouvé ? Ce serait quelque chose comme la clé de l’amour. Avec elle, les apories se changent en libérations, puisque cette clé ouvre toutes les portes. Mieux : cette clé ouvre l’Ouvert pour qui la trouve. Car la trouver, c’est l’avoir cherchée – car la trouver, c’est s’être rendu compte que l’on ne l’avait jamais perdue. Qu’elle était là, dans le Soi – là où l’on ne va jamais que dépouillé des peaux de l’illusion. Pour cela (y aller, y demeurer, dans le cas de ’Attâr) encore faut-il avoir réalisé le poème en soi. Pour contempler le Soi, devenir soi-même. » Extrait

Lectures en français et en persan

Nouvelles Lettres Persanes

Lieu :

Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 13ème

11, rue Caillaux 75013 Paris Ligne 7 M° Maison Blanche

nouvelleslettrespersanes@orange.fr

Entrée libre / Tél. : 06 82 97 94 69

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