Jalal Alavinia
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LP

Ahmad Shamlou L’année du mal

Essai de traduction / projet de publication LP 2021

vendredi 1er janvier 2021, par Collectif LP


Bonjour, une année meilleure pour tout le monde !

Voici mon cadeau pour le nouvel an :

Un poème de Ahmad Shamlou

Projet de publication 2021

Essai de traduction Média Kashigar / Jalal Alavinia

Regarde !

1

L’année du mal

L’année du vent

L’année des larmes

L’année des doutes

L’année des journées longues

et des résistances précoces.

L’année où la fierté fit la manche.

L’année minable

L’année de la douleur

L’année du deuil

L’année des larmes de Pouri1

L’année du sang de Morteza2.

L’année bissextile…

2

La vie n’est pas un piège.

L’amour n’est pas un piège.

Même la mort n’est pas un piège,

car les amis disparus sont libres,

libres et purs…

3

Je trouvai mon amour l’année du mal

qui me dit : « Ne sois pas désespéré ! »

Je trouvai mon espoir dans le désespoir,

mon clair de lune dans la nuit,

mon amour l’année du mal

et quand je devenais cendres,

je m’embrasai.

La vie me détestait.

Je souris à la vie.

La terre m’était hostile.

Je me couchai sur terre,

car la vie n’est pas l’obscurité,

car la terre est bonne.

J’étais mauvais mais pas le mal.

Je fuis le mal et le monde me maudit

et l’année du mal apparut :

l’année des larmes de Pouri,

l’année du sang de Morteza,

l’année des ténèbres.

Et je trouvai mon étoile et le bien.

J’atteignis le bien et je m’épanouis.

Tu es bien

et je n’ai d’autre confession que celle-ci.

J’ai dit la vérité et j’ai pleuré.

Cette fois, je dis la vérité pour rire,

car ma dernière larme était mon premier sourire.

4

Tu es le bien

et je n’étais pas le mal.

Je te rencontrai, je te compris et toutes mes paroles

devinrent poèmes et légères.

Mes frustrations devinrent poèmes,

mes lourdeurs devinrent poèmes.

Le mal devint poème

ainsi que la pierre, l’herbe et l’animosité.

Tous les poèmes devinrent le bien.

Le ciel chanta sa mélodie,

l’oiseau la sienne et l’eau la sienne.

Je te dis : « Sois mon mignon moineau

pour que dans ton printemps

je devienne un arbre en fleuraison. »

La neige fondit, le bourgeon dansa et le soleil se leva.

Je contemplai les bontés et je changeai.

Je contemplai les bontés,

car tu es le bien

et je n’ai d’autre confession que celle-ci

et celle-ci est ma plus grande confession.

Je contemplai mes confessions,

l’année du mal nous quitta et je revins à la vie,

tu souris et je me levai.

5

J’aimerais être bien.

J’aimerais être toi et c’est pour cette raison

que je dis la vérité.

Regarde : reste avec moi !

1955

1. Pouran Soltani, universitaire, épouse de Morteza Keyvan.

2. Morteza Keyvan, homme de lettres et ami proche de Shamlou exécuté en même temps que plusieurs militaires communistes après le coup d’État de 1953.

L’Air vif نگاه کن


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